vendredi 1 juillet 2016

Quand l'Abitibi voulait quitter le Québec

En ce jour de la Fête du Canada, j'aimerais bien vous parler d'un moment, dans les années 1960, où l'Abitibi a envisagé, avec le nord de l'Ontario, à quitter leur province respective pour créer la onzième province canadienne. Un projet qui n'a évidemment pas abouti. En octobre 1966, devant une copie du journal anglophone de Val-d'Or (Le Val-d'Or Star, qui n'existe plus aujourd'hui), Wilfrid Sabourin, un membre important de la chambre de commerce de Val-d'Or est songeur devant le titre qui parle de la possible création d'une onzième province.

Dans les deux régions il y avait une certaine frustration face au sud, qui vient piller les ressources naturelles, en créant le minimum d’emplois, et en repartant avec les profits. Montréal et Toronto profitait du nord selon eux. De plus, en profitant ainsi du nord et en redonnant peu ou pas de services, les gens se sentaient lésés. Pas d'hôpitaux d'envergure, pas d'établissement d'enseignement supérieur, des routes de mauvaises qualités. La route qui reliait l'Abitibi au sud du Québec (l'actuelle route 117), était en gravier tout le long du Parc La Vérendrye! On ne perlait pas des années 1930, mais de 1966. Durant ce temps à Montréal, on inaugurait le métro, des ponts, tunnels et autoroutes, et on préparait l'ouverture d'Expo 67. Les gens se sentaient un peu volés.

Donc des gens d'affaires et des politiciens de la région ont commencé à se réunir pour discuter et élaborer le projet. Mais ce projet à attiré l'attention de la GRC, qui craignait une répétition du FLQ. Le rapport aurait fait étant d'un mouvement à surveiller, mais qui ne laissait présager aucun danger immédiat. Le projet a stagné un peu durant deux ans,il devenait graduellement un peu tabou comme sujet. Pendant ce temps, Wilfrid Sabourin s'est présenté, avec succès à la mairie de Val-d'Or en 1968.l Le nouveau maire de Val-d'Or a mis le projet très loin derrière lui. Le gouvernement libéral de l'époque lui aurait donné un grand cou de main pour son élection, en échange de laisser tomber le projet, et de quelques nananes pour Val-d'Or. Le nanane en question aurait été l’agrandissement de l'aéroport... et possiblement quelques pots de vin. Rien n'a toutefois été prouvé. Du côté de l'Ontario, un plan d’infrastructure a été mis en place pour calmer la grogne.

Si aujourd'hui ce projet n'est plus dans les cartons, n'en reste pas moins que le sentiment d'abandon part le gouvernement est encore bien présent ici. De nombreux soins médicuax ne sont pas donnés ici, les gens doivent se rendre à Montréal et Gatineau. Même chose pour les programmes d'enseignements au Cégep et à l'Université. Les choix ne sont pas énormes et bon nombre de gens quittent pour les études. Les routes se sont beaucoup amélioré, l'aéroport de Val-d'Or fait des jaloux ailleurs au pays. C'est mieux qu'avant... mais ce n'est pas encore au point ou cela devrait l'être. Après tout les gens d'ici paient les mêmes impôts qu'au sud et n'ont pas droit aux mêmes services.



Durant longtemps, la route 117 était contrôlé (entrée et sortie). Une barrière bloquait le chemin, et il fallait obtenir une autorisation pour traverser le Parc La Vérendrye. Le fait que ce soit un territoire de coupe forestière, de chasse et pêche expliquait un peu ceci. Aujourd'hui la circulation est totalement libre. Ceci était aussi un irritant pour les gens du nord voulant se rendre au sud.



Voici une carte approximative du territoire qu'aurait été cette onzième province englobant le nord québécois et le nord ontarien.



Voici l'aéroport de Rouyn-Noranda, le troisième plus achalandé au Québec, mais qui ne suffit plus à la tâche en raison de sa petite taille. Cela fait des années que les gouvernements se font tirer l'oreille pour des subventions. Val-d'Or a facilement eu ses subventions pour obtenir un a.roport agrandie et modernisée. Toutefois, à Val-d'Or, le secteur minier a contribué, ils ont construit en même temps le centre de transit minier nordique, qui fait le lien entre le sud et le nord du Québec, pour les mines et les marchandises devant aller dans le nord. C'est bien beau demander des subventions, mais parfois, il faut bien s'aider un petit peu. Note à part ici... Rouyn-Noranda a subi un peu la même chose pour la construction de la voie de contournement. La construction vient de débuter. Le projet était sur les planches depuis 1970. Donc cela a pris plus de 40 ans avant que le projet ne commence. Pourquoi? Car dans les années 70, Rouyn et Noranda était deux villes, et chacune se battaient pour que la voie de contournement passe par leur territoire. En 1986, malgré la fusion de Rouyn et Noranda, aucun terrain d'entente n'a été trouvé, ni de compromis. Ce n'est qu'en 2006 que le projet a été définitif. Et durant ce temps, à Val-d'Or, la voie de contournement a été ouverte en 1982 sans encombres réels. Comme quoi des fois, quand on a rien, faut pas juste brailler, faut travailler comme du monde. Menacer de quitter un pays ou une province ne fait pas tout. En Abitibi, Rouyn-Noranda a la réputation d'être une ville de quêteux... et Val-d'Or une ville d'action. Je dis ça de même là!

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